jeudi 21 décembre 2006

Welcome on my travel blog ...

Dear all,

Welcome on my travel blog. The purpose is to narrate my trip in Senegal (from Dakar to Casamance) at the occasion of the traditionnal wedding of my colleague and friend Babacar, in November 2006.

I suggest you to begin from the beginning, i.e. Friday the 3rd of November. Just click on the link in the column on your left. And then navigate from day to day, it will be easier to read and see the pics.
I've also put some external links (in the left column) about Senegal, in order to allow you to discover this country and/or to prepare your future trip over there !

Don't hesitate to contact me if you want more informations or details.

Good reading,

Philippe

Warning:
- Since there are a lot of pictures, the loading of the site can take some time.
- I'm sorry, it's only in French, I hope that you can enjoy it either.

dimanche 12 novembre 2006

Dimanche 12 novembre 2006: du Sénégal, Afrique, à la rue Africaine, Bruxelles



Dimanche 12 novembre 2006: du Sénégal, Afrique, à la rue Africaine, Bruxelles


Et nous voilà déjà au dernier jour de ce séjour, riche en émotions et en découvertes.

Alors que Cécile s'est levée aux aurores pour repartir à la recherche des derniers cadeaux qu'elle n'a pas encore trouvé, je profite d'une grasse mat' bien méritée ;-) Je me lève et prends un solide petit déjeuner impossible à refuser (comme d'habitude ;-). C'est également l'occasion de discuter une dernière fois avec notre famille d'accueil. Mamarie me demande si j'ai une femme, je lui réponds que ma petite amie est en Belgique. Elle veut savoir pourquoi elle n'est pas venue avec moi et je lui dis qu'elle avait beaucoup de travail et ne pouvait malheureusement pas m'accompagner. Mamarie me demande alors si j'ai trouvé une femme ici au Sénégal. Quand je lui réponds que non (et que je n'ai pas cherché), elle me promet que la prochaine fois que je viens au Sénégal, si je ne suis pas marié, on me donnera une femme ici et je me marierai au Sénégal. Ha ben voilà qui est cool! :o) Une fiancée en Belgique et une épouse au Sénégal, c'est parfait ça! :o) Bizarrement, c'est le père de Babacar qui explique à sa seconde femme que me marier au Sénégal ne serait pas très sympa pour Elise.
Enfin, voilà une discussion qui m'a encore amusé, de par cette différence culturelle et cette manière de voir les choses!

Entretemps, Cécile est rentrée de sa énième sortie shopping avec Moustapha et enfin tous les cadeaux espérés. Nous préparons nos bagages et nous apprêtons à quitter cette charmante maison du quartier de Baobab ainsi que la famille qui nous aura accueilli pendant ces 10 jours. Nous faisons nos adieux à tout le monde, échangeons nos adresses email avec les soeurs de Babacar. Mamarie, qui est couturière, offre à Cécile un habit fait sur mesure et prend mes mesures pour me confectionner un boubou qu'elle m'enverra une fois terminé.

Il est midi, Moustapha nous emmène à Sacré Coeur pour y déposer nos bagages. Le programme de cette dernière journée est: le lac Retba (mieux connu sous le nom de lac Rose) et quelques coins de Dakar pas encore vus. Nous aurions beaucoup aimé visiter la réserve naturelle de Bandia, mais celle-ci se trouve à 2 heures de route et on doit compter 2 heures de visite. Si on compte les embouteillages sur le retour, on a de bonnes chances de rater l'avion. Dès lors, on a eu du abandonner avec tristesse l'idée de ce projet. J'espère que j'aurais l'occasion de le visiter plus tard.

Nous partons avec la Mercedes increvable; il faut une heure de route avant d'arriver au Lac Rose, il fait toujours aussi chaud. Il semblerait que nous ayons de la chance car le lac est réellement rose alors que, d'après une personne sur place, le lac était bleu les derniers jours.

Le lac Retba était auparavant relié à la mer et c'est il y a seulement une trentaine d'année que l'avancée des dunes l'a séparé de l'océan. Le lac Rose est un grand lagon de 3km², peu profond, entouré de dunes et situé à quelques centaines de mètres de l’océan Atlantique, à 35 km au nord-est de Dakar. Sa couleur est due à une cyanobactérie, animal microscopique qui fabrique un pigment rouge pour résister à la concentration de sel. Il n'y a plus aucun poisson ou coquillage car l'eau est particulièrement salée : 380 grammes par litre (!), ce qui permet de flotter tout comme dans la mer Morte. Le sel est exploité depuis les années 1970.
Les hommes, dans l'eau jusqu'à la poitrine et le corps enduit de beurre de karité pour protéger leur peau de la salinité corrosive du lac, cassent avec un piquet appelé "Djodj" les croûtes de sel déposées sur le fond avant de le ramasser à la pelle pour remplir les pirogues d'une capacité d'une tonne et demie.Les femmes sont chargées de débarquer les pirogues, le sel est entassé sur les bords pour sécher et blanchir au soleil pendant 4 jours. Les 24.000 tonnes de sel extraits chaque année servent à la conservation du poisson et sont principalement vendus aux pays voisins.











Nous restons moins de 15 minutes à contempler le lac et écouter les explications d'un guide improvisé, qui nous montre également une source d'eau à quelques mètres du lac. Cette petite oasis est d'une eau incroyablement claire à côté de celle du lac et on y trouve quelques poissons et grenouilles, qui ne peuvent survivre que dans ces quelques mètres carrés.

Au moment de rejoindre la voiture, nous nous faisons assaillir par les nombreux vendeurs. Après que l'un m'ait accosté et que je lui dise que je n'ai plus d'argent, il me propose tout simplement de lui donner montre en cadeau. Ben allons-y, n'ayons pas peur! ;-)

Nous reprenons la direction de Dakar. Il reste deux dernières îles qui me tentent pas mal: l'île des Madeleines (ou îles aux serpents), sorte de petite réserve pour oiseaux, et l'île de Ngor, petite station balnéaire. Nous approchons de cette dernière et nous contentons finalement de se promener sur la plage de Ngor, sans traverser jusqu'à l'île, toute proche.







Ngor se situe à proximité du quartier des Almadies, un des quartiers les plus chics de Dakar. Les expats habitent généralement dans ce coin et on y remarque en effet pas mal de jolies villas. La Pointe des Almadies, qui constitue la partie la plus ouest de l'Afrique, est d'ailleurs et malheureusement la propriété du Club Med et réservée uniquement à ses gentils membres.

Nous décidons finalement de faire également l'impasse sur l'île des Madeleines. Sur le retour, à proximité des Mamelles, nous nous arrêtons chez un vendeur de plantes en bord de route. Raouf nous a en effet demandé de lui rapporter un baobab. En les voyant, je trouve que c'est enfin un cadeau original digne d'être rapporté en Belgique. On en achète 4, que je négocie moi-même :o) Et visiblement, je commence à apprendre la négociation à la sénégalaise ;-) Mise à prix du baobab à 2000 CFA, je lui en donne 1000 CFA. Le vendeur refuse et me les fait à 1500. Je lui dis que j'en prend plusieurs et il me les vend à 3 pour 4000 CFA. Je finis finalement par en acheter 4 à 5000 CFA :o) Ils sont super beaux, j'espère que j'arriverai à les conserver en Belgique!

Nous retournons à Sacré Coeur. C'est l'effervescence, Babacar et Adama se dépêchent de faire leurs bagages pour repartir en Europe. Pendant ce temps, Adama nous donne à regarder leur album de mariage, déjà réalisé, et contenant toutes les photos des cérémonies. Nous mangeons rapidement un dernier repas sénégalais.
Babacar sort de la chambre, c'est la métamorphose: il est passé en 30 minutes de son boubou sénégalais à des habits européens, portés avec toute l'élégance qui le caractérise. Le consultant est ressorti! ;-)

Il est déjà 20h et nous sortons les valises et les sacs pour les charger dans les deux voitures qui vont nous emmener à l'aéroport. Les adieux sont émouvants, on s'est vite attaché. Juste avant le départ, toute la famille se réunit, en cercle devant la maison, mains jointes, et procède à une prière pour que le voyage se passe bien et souhaiter le meilleur à Adama et Babacar.



Nous arrivons à l'aéroport. Alors que Babacar, Cécile et moi prenons le vol SN pour Bruxelles, Adama prend Air France pour Paris. Ce n'est que le lendemain qu'elle prendra le Thalys jusque Bruxelles. Petite erreur de coordination.

Première épreuve au check-in: nous avons droit, à trois, à 120 kilos de bagages mais Babacar a avec lui au moins 6 valises bien remplies. Cécile et moi avons pour 40 kg mais il s'avère que Babacar a avec lui au moins 100 kg de bagages. Incroyable! :-) Il fait un choix rapide et remballe vers la voiture un sac décidé superflu. Ouf.

Nous embarquons et décollage immédiat à 22h50, retour en Belgique. Le vol est bien moins agréable qu'à l'aller. Alors que l'équipage était réellement charmant à l'aller, j'ai eu affaire cette fois-ci à des hôtesses assez rustres. Comme tout voyage de nuit en avion, le confort est spartiate et impossible de dormir en position assise; ça promet pour le lendemain. De plus, n'ayant plus de jour de congé, je suis obligé de me pointer au boulot; ça va être dur dur, je le sens.

Nous atterrissons enfin à Bruxelles vers 5h50 du matin. Je suis encore habillé léger, d'une simple chemise, ce qui n'aide pas pour un matin de novembre belge... Le temps de récupérer nos valises, il est déjà 6h30. Je suis crevé mais je préfère aller au bureau immédiatement car je me connais: si je dors deux heures, je n'arriverais pas à me lever. Le taxi nous dépose Cécile et moi et nous laissons repartir Babacar et ses milliers de valises (je sais pas comment il a fait pour tout monter dans son appart!).



Je récupère ma voiture et arrive chez Electrabel vers 7h. Record battu, première fois de ma vie que j'arrive si tôt :o) ça risque pas de se reproduire. La journée est light, il s'agit juste de reprendre pied dans mes affaires après 10 jours d'absence. Je quitte le boulot en milieu d'après-midi pour rejoindre mon appart' situé rue... Africaine :o) Voilà de quoi boucler la boucle avec un petit clin d'oeil ;-)

Et voilà comment se termine cette merveilleuse aventure. Comme toujours, ça aura passé trop vite et on n'aura pas eu le temps de voir tout ce qu'on voulait voir. Voilà une jolie raison de retourner dans ce pays !

Même si le choc des cultures et l'adaptation sont parfois difficiles pour un Européen en Afrique, je garde néanmoins un souvenir magnifique de ce voyage, qui comme je l'ai souvent répété, était une occasion unique de découvrir ce pays et sa richesse humaine et culturelle par le biais d'un mariage traditionnel. Ce n'est pas enfermé dans un club à touristes que j'aurais pu vivre tout cela ;-) On voit les choses différemment lorsqu'on vit avec une famille locale.

Je remercie encore Babacar pour nous avoir invités, je remercie toute sa famille ainsi que celle d'Adama pour leur accueil sans faille et je remercie tous les Sénégalais rencontrés pour leur hospitalité.

J'espère que vous aurez pris plaisir à lire ce blog et vivre ce qu'on a vécu là-bas. N'hésitez pas à me faire vos commentaires ou à me contacter pour plus de détails...

@ bientôt,

Philippe

samedi 11 novembre 2006

Samedi 11 novembre 2006: shopping in Dakar et dernier jour de mariage



Samedi 11 novembre 2006: shopping in Dakar et dernier jour de mariage

Nous touchons à la fin du séjour, aujourd'hui est le dernier jour du mariage qui se sera étalé tout le long de cette semaine, divisé en plusieurs cérémonies toutes différentes.

Après les derniers jours éprouvant, une bonne nuit de sommeil et une grasse matinée sont les bienvenues! (oui, je sais, on m'appelle la marmotte ;-) Je me lève vers 10-11h, petite douche, puis petit déjeuner: c'est jour de fête, on me sert du foie... Mmmmmmm :o) Et Mamarie qui me répète sans arrêt depuis une semaine: "Il faut manger!". Ben oui, mais j'en peux plus. J'ai tellement mangé depuis le début du voyage que je n'ai rien avalé ces deux derniers jours. Pas parce que ça ne me plaisait pas (j'aime beaucoup cette cuisine sénégalaise que j'ai pu découvrir), mais simplement parce que je n'avais plus faim. Je pouvais donc rester deux jours sans manger car mon estomac était encore rempli des repas précédents ;-)

Sur le coup de midi Cécile et moi quittons Baobab pour aller à Sacré Coeur. Le chapiteau est là, devant la maison; un DJ est là pour l'occasion, il branche son matériel et procède aux tests. Je passe un peu de temps à l'intérieur. Les invités commencent à affluer, les femmes ont revêtu leurs plus beaux habits.

Cécile n'ayant pas encore trouvé de cadeaux à ramener en Belgique, un des cousins de Babacar est d'accord pour nous accompagner dans les magasins du centre-ville. Nous voilà partis en taxi à la recherche de souvenirs pour Cécile. Je l'accompagne car j'ai envie de voir des coins de Dakar non encore explorés. Une fois arrivés dans un quartier commerçant, on part en quête de tableaux, boubous, statuettes, etc. On se fait très vite assaillir par tous les marchands. On m'avait prévenu qu'ils étaient collants et acharnés, mais à ce point... Mais bon, je prends ça à la rigolade et je m'amuse (sans méchanceté) des ficelles et arguments déployés pour me pousser à acheter:
« Je n'ai rien vendu de la journée », « Demain c'est dimanche », etc. etc. Il est d'autant plus amusant d'entendre que tous les vendeurs usent des mêmes phrases et rengaines. Je décline à chaque fois poliment tout en répondant aux questions incessantes: « Comment tu t'appelles ? D'où viens-tu ? Combien tu donnes pour ça ? Regarde, c'est très beau. C'est moins cher que gratuit! Tiens, c'est cadeau... » J'adore aussi voir strictement les même objets vendus à chaque coin de rue comme étant des pièces uniques et rares, et surtout à
chaque fois à des prix différents, pouvant aller du simple au quintuple (pour la même chose). La négociation s'avère finalement assez facile je trouve: il suffit simplement de ne pas se montrer intéressé par l'objet et de refuser chaque prix proposé. On voit ainsi en moins de dix minutes le prix être divisé par trois.
On nous emmène même dans un artisanat de sculptures en bois: tellement authentique qu'on y a vu plus de toubabs en 15 minutes qu'en une semaine de nos périples :o) Cécile y achète deux statuettes, mais pense s'être faite avoir.
Après presque deux heure de visites et de shopping, de palabres en tout genre et de négociations sans fin, de stratégies de vente usées et d'arguments désabusés, je commence à fatiguer devant ces vendeurs incessants qui, persuadés que tous les Européens sont dotés d'infinies richesses et de portefeuilles sans fond, finissent par exiger de l'argent quand ils n'arrivent pas à vendre leurs produits. Mais bon, le tout est de le prendre avec humour et de garder le sourire ! :o)

Je n'en peux plus et nous finissons par rentrer. Il est 18h. Lorsque nous arrivons à la maison de Sacré Coeur, la fête bat son plein. L'ambiance est toujours au rendez-vous, les griottes et divers membres de la famille alternent discours, chants et danses. Il est toujours difficile de comprendre ce qu'il se dit vu que tout est en wolof.
Babacar ne participe pas activement et reste un peu en dehors, il me dit qu'il est très fatigué, ce qui se voit.











Un peu plus loin, un boeuf est égorgé afin d'être servi au repas. Je ne mettrai pas les photos car elles sont un peu gores ;-)

Ensuite vient le moment des offrandes. La famille de la mariée défile et offre de nombreux cadeaux destinés aux jeunes mariés ainsi qu'à la famille de Babacar : tissus, draps et vêtements, casseroles et bassines, valises, etc.

La soirée est avancée et il est déjà l'heure pour Nabil de partir prendre son avion pour Paris. Nous sommes encore remerciés publiquement une dernière fois.

La soirée se termine tout doucement et peu après, nous rentrons à Baobab, fatigués.

vendredi 10 novembre 2006

Vendredi 10 novembre 2006: back to Dakar à 8 dans un taxi-brousse...




Vendredi 10 novembre 2006: back to Dakar à 8 dans un taxi-brousse...

Nous avons passé une quasi nuit blanche la nuit dernière. Les sages sont venus chercher Babacar au petit matin pour continuer le cérémoniel. On vient nous réveiller "en urgence" vers 8h du matin, il s'agit de quitter le village au plus vite car la route jusqu'à Dakar est encore longue et la maman de Babacar a préparé à manger pour midi! (Pure utopie... ;-)





Babacar, Moustapha et Ndiogou sont à la maison de la future épouse et nous y attendent. Un petit tour aux toilettes (un trou dans le sol, il s'agit de viser juste ;-) puis Cécile, Nabil et moi nous dirigeons vers la maison.



Dans la cour intérieure de la maison se trouvent rassemblés une trentaine d'hommes du village (le père, la famille, ...) et Adama est assise au centre, couverte de la tête aux pieds par un drap; sa soeur est à ses côté. Elle doit écouter les hommes qui lui serinent ce qu'elle doit faire pour combler et honorer son mari, ses droits et (surtout) ses devoirs en tant qu'épouse. Tout est en wolof naturellement ce qui fait qu'il nous est difficile de comprendre, mais on arrive tant bien que mal à interpréter de quoi il s'agit.







Vu que la cérémonie va encore durer longtemps, je décide de retourner me promener dans Tankon. Je suis toujours une curiosité pour les enfants qui me dévisagent, me demandent une photo, me suivent ou s'enfuient. Chaque contact avec les gens est un trésor et je n'hésite pas à essayer de parler avec eux. C'est souvent difficile à cause de la barrière de la langue, mais je tombe également sur des villageois qui parlent un peu français, notamment avec le forgeron et ses clients à qui j'explique d'où je viens et ce que je fais ici. Je continue mon parcours au hasard, prenant une multitude de photos. Je suis tombé amoureux de ce village magnifique et me prends à rêver de venir m'installer ici, à élever du bétail ou cultiver un champs. On verra, who knows ? :o)























Vers 10h30, il semble que la cérémonie du matin est terminée et Babacar et ses acolytes réapparaissent (après avoir disparus toute la matinée à l'intérieur de la maison). C'est le branle-bas de combat. Dans l'agitation générale, une cinquantaine de femmes chargent leurs bagages et prennent place dans le bus que Babacar a loué pour l'occasion afin d'emmener la famille d'Adama jusqu'à Dakar. On aurait dit qu'elles prenaient des bagages pour 2 semaines, on ne comprenait pas la raison de prendre autant de sacs et de valises. C'est la cohue car il n'y a pas assez de place pour tout le monde, il faut faire un choix sur qui va accompagner Adama jusqu'à la capitale. Je rappelle que seules les femmes viennent. Quant à Babacar et Adama, toujours couverte du drap, ils prennent place dans la Mercedes du Bour du Rip qui va ouvrir le convoi.





Il est déjà 11h30 lorsque nous nous mettons en route. Cécile, Nabil et moi faisons partie des 8 passagers du taxi-brousse: ce n'est pas une Renault Espace, ni une 807, mais notre Peugeot 504 :o) Le voyage s'annonce long, très long: 600 km de routes africaines à 8 dans un break, sans air conditionné... Le thé ne fait plus effet et après cette nuit blanche, ils nous est difficile à tous de garder les yeux ouverts. Je discute un peu avec une cousine d'Adama pour essayer d'en apprendre plus sur la Casamance. Cette superbe région, divisée en quatre Royaume, était encore il y a peu le théâtre d'une guerre entre des rebelles indépendantistes et le gouvernement, qui a duré de 1982 à 2004 (!!). Sur la fin, on a même vu apparaître une rebellion au sein de la première rebellion (notion toute africaine), entre les rebelles partisans de la paix et ceux qui étaient contre. Bien que cette région ait récemment retrouvé un calme relatif, certains rebelles dissidents oeuvrent toujours, mais ils font plus office de bandits de grand chemin que d'indépendantistes à la noble cause. Notre chauffeur nous explique qu'il y a à peine un mois, tout près d'où nous nous trouvions, il est tombé dans une embuscade tendue par ces bandits qui lui ont pris son GSM et son argent avant de dévaliser ses clients. Voilà qui rassure!
Pire, ces rebelles ont versé pendant toutes ces années de guerre des milliers de mines anti-personnelles dans les champs, forêts et chemins autour des villages. Ces mines mutilent chaque année des dizaines de victimes parmi les villageois casacés, femmes, enfants, hommes, dont le seul tort est de se rendre à leur travail ou d'aller cultiver leurs champs.
Malgré ça, la Casamance reste une destination prisée et est considérée par beaucoup comme la plus belle région du Sénégal. Je regrette de ne pas avoir pu la visiter plus en profondeur, mais dès que j'en aurai l'occasion, j'y retournerais certainement.

Entretemps, ces discussion nous mènent déjà à la frontière Gambienne. Nous commençons à être habitués aux manèges des passeports et bakchichs, la route se passe sans encombre. Nous avons beaucoup de chance, nous arrivons à prendre le bac pour traverser le fleuve Gambie sans devoir attendre. Il y a relativement peu de trafic aujourd'hui. Ndiogou nous explique qu'il lui est déjà arrivé d'attendre UNE journée entière avant de pouvoir traverser le fleuve à bord du ferry. Arrivés de l'autre côté, il nous reste encore plusieurs kilomètres avant de déjà rejoindre l'autre frontière. Le garde-frontière gambien me demande si Cécile est ma femme. Mais qu'est-ce qu'ils ont tous depuis le début du voyage ? Partout où nous allons, on n'arrête pas de nous prendre pour mari et femme. Quel beau couple dépareillé 8-) Certains nous souhaitent même un bon voyage de noces... ;-) Mais il faut dire ce qui est, Cécile remporte un succès certain au Sénégal et maintenant également en Gambie.
Quant au douanier sénégalais, il déclare en toute franchise à Cécile qu'il rêve d'épouser une femme française ! Cécile lui répond qu'en Europe, on a droit qu'à une seule épouse. Le douanier nous demande avec un brin d'espoir (et d'humour) si il est possible de "passer à gauche". Cécile lui dit "Ni à gauche, ni à droite, ni tout droit!". Et le douanier de conclure, dépité : "Ha bon? Pas de deuxième bureau alors ?".
Haaaa que la vie est dure en Europe...

Nous faisons une courte escale à Nioro et puis traçons jusque Dakar puisqu'on nous y attend au plus tôt. Manque de chance et coup du sort, la Mercedes qui transportait le couple de jeunes mariés a à nouveau connu une panne mécanique. Nous les dépassons, nous ne pouvons rien faire pour eux, ils ont appelé le mécanicien. A part cela, le reste du voyage se passe pas trop mal pour nous, le sommeil accélérant notre perception du temps, mais pas assez à mon goût. Impossible de dormir correctement dans ce taxi-brousse, à peine est-il possible de somnoler, assis, la tête dodelinant dans tous les sens. Inutile de résumer ce voyage de 600 km qui nous a pris la majeure partie de la journée.




Nous arrivons enfin à Dakar en fin d'après-midi, épuisés. On nous dépose d'abord, Cécile et moi (Nabil étant retourné à son hôtel) chez la cousine d'Adama où nous nous restaurons. Une heure plus tard, nous rejoignons notre maison d'accueil (à Baobab) afin de prendre la meilleure douche de toute la semaine! Ma peau est rouge de poussière, mes narines sont noires, mes cheveux tiennent debout tout seul. J'ai trouvé le meilleur gel naturel: 2 jours à 40°c à suer et prendre la poussière dans la brousse et... les cheveux deviennent secs comme de la paille et tiennent debout tout seul avec un naturel déconcertant. Extraordinaire! J'aime assez bien mon nouveau look de bourlingueur barbu ;-)

Après ce rafraîchissement nécessaire, nous apprenons qu'Adama et Babacar sont enfin arrivés à la maison, avec 3 heures de retard sur nous. Cécile et moi allons donc à Sacré Coeur car bien que la nuit soit déjà tombée, la journée est encore loin d'être finie: il reste encore un cérémonial traditionnel pour conclure le mariage. Lorsque nous arrivons, je suis surpris de voir montée juste devant la maison une tonnelle pouvant facilement accueillir une cinquantaine de personnes. Nous rentrons, beaucoup de monde de la famille de Babacar se trouve là. Je vais ci et là, parlant avec quelques personnes. Dans le garage se trouvent des femmes en train de cuisiner dans d'énormes casseroles (chaudrons ?) : en comptant la famille d'Adama qui arrive, il s'agit quand même de faire à manger pour une centaine de personnes !!! Je discute avec ces femmes qui me disent qu'elles sont les griottes "officielles" de la famille de Babacar, et que ce dernier descend d'une grande famille. Elles me répètent sans cesse qu'elles sont les griottes et que plus tard dans la soirée, il faudra que je leur donne de l'argent. Je le leur promets, afin de pouvoir m'en séparer ;-)




Pour passer un peu le temps, je me mets derrière le PC afin de raconter mes dernières journées exaltantes sur ce blog. Soudain, je me rends compte qu'il n'y a quasi plus personne à l'intérieur. Je m'enquiers de ce monde disparu: seules les femmes de la famille de Babacar sont restées à l'intérieur et se sont réunies dans la cour, barricadées derrière la porte d'entrée. Une forte agitation règne. Je sors par le garage pour voir ce qu'il se passe à l'extérieur. Les hommes quant à eux sont tous dehors, de l'autre côté de la porte, dans la même agitation. A ce moment nous assistons à une négociation entre les hommes laissés dehors et les femmes ne voulant pas les laisser entrer. Comme je l'ai déjà dit, ici la négociation et l'argent sont un jeu, j'en ai encore la preuve devant moi. Les hommes proposent 10000 CFA pour entrer alors que les femmes en exigent 50000 :o) La négociation se poursuit avec âpreté mais dans la bonne humeur et Moustapha le Capitaine, habile négociateur, arrive à faire ouvrir la porte pour 25000 CFA!

J'apprends en fait que Babacar se trouve dans une chambre à l'intérieur et que Adama est bloquée à l'extérieur. Les femmes exigent une somme d'argent pour la faire entrer, en guise de dédommagement du fait qu'une nouvelle rivale va s'installer dans la maison !
Dans la culture wolof, il est également courant d'insulter la nouvelle épouse lors de son arrivée dans la famille. Cette pratique qui peut nous sembler dégradante vise en fait à lui enlever son orgueil en la rabaissant et la préparer à la vie dure à venir. Je précise que ce ne fût pas le cas ici et qu'Adama ne fût pas insultée. Heureusement !

Après la négociation, Adama entre et rejoint son mari dans la chambre. Cette cérémonie se passe à huis clos, seule 2-3 personnes supplémentaires (dont le cousin de Babacar) peuvent se trouver dans la chambre. Un plat avec du lait et du mil se trouve au milieu; une dispute sous forme de course de vitesse s'ensuit (pour du rire !) et c'est celui des deux mariés qui avale la première cuillère de mil qui sera le dominant du couple (celui qui porte la culotte quoi) ! Inutile de préciser que c'est Babs qui a eu la première cuillère ;-) Après cela, les amoureux s'échangent une cuillère de mil.

Au dehors, la soirée se poursuit dans la bonne humeur et les griottes chantent... Le bus transportant la famille d'Adama arrive enfin. Le père de Babacar a prévu un demi-veau de 52 kg pour le repas!