lundi 6 novembre 2006

Lundi 6 novembre 2006: Senegal Fast-Food, taxi supersonique, cancer du poumon et anniversaire à la sénégalaise...



Lundi 6 novembre 2006: Senegal Fast-Food, taxi supersonique, cancer du poumon et anniversaire à la sénégalaise...

Mes amis, voici un troisième volet (attention, il est long!).

Tout d'abord, grande et bonne nouvelle, j'ai enfin eu le temps de mettre mes messages sur un blog avec quelques photos, ce sera plus lisible. Encore une fois, n'oubliez pas de faire suivre ce message à ceux dont je n'ai pas l'adresse pro.
Voici le blog tant attendu: http://phil-at-senegal.blogspot.com/ (devenu entretemps http://phil-in-senegal.blogspot.com/)

Je vous ai laissé dimanche soir après cette journée de farniente. Nous voici lundi 6 novembre, jour de mon anniversaire... :o)

Aujourd'hui, on va faire la "Petite Côte", c'est-à-dire longer la côte atlantique (quelle autre ?) de Dakar vers le sud, jusqu'à Joal Fadiout, à 115 km de Dakar.

Nous sommes 8 à partir, nous avons donc besoin de deux voitures (avec chauffeur, svp! ;-). Une des voitures est la vieille Mercedes de "l'esclave" de Babacar (l'esclave est un concept sénégalais assez intéressant, mais très bon esprit, j'expliquerai plus tard ce que c'est), tandis que l'autre voiture est un taxi. Les taxis sont tellement peu chers ici qu'on a eu un taxi pour carrément toute la journée ! Un taxi sénégalais aussi fou que les autres, et qui nous a donné de nombreux fous rires :o)

Départ à 9h. 9h sénégalaise auquel il faut ajouter le coefficient de l'heure sénégalaise pour avoir la vraie heure. D'habitude, tu rajoutes 1h. Mais cette fois-ci, ils se sont mis à l'heure italienne puisqu'on est parti avec seulement 1/2h de retard. On décide de petit-déjeuner ensemble dans un tangana, un "restaurant" sénégalais. Grande aventure s'il en est.
Notre taxi a comme qui dirait un problème avec la 1ère vitesse. Une fois à l'arrêt, il est impossible de passer la 1ère. Le chauffeur doit donc arrêter son moteur, mettre la première vitesse, puis redémarrer. Vous imaginez ce que ça donne au milieu de bouchons à Dakar, où on s'arrête tous les 5m ? Oui, exactement, notre taxi coupe son moteur et le redémarre de manière incessante, sous nos rires de plus en plus francs. A un moment, pour ne plus devoir s'arrêter, il s'est mis à rouler sur les trottoirs (pas beaucoup, faut pas exagérer non plus ;-).


Comme le veut la "loi de l'interexclusivité de la mécanique Dakaroise":

« Si dans ton taxi tu as un bon démarreur, tu ne peux pas avoir une bonne boîte de vitesse. Et vice versa. »



Prof. Y. Crombéba.

Il est vrai qu'on a pu vérifier que les taxis avec une excellente boîte de vitesse ne devait pas couper son moteur car ils ne redémarraient jamais! CQFD.




Après 1 pénible heure de bouchons matinaux pour sortir de Dakar, on s'arrête dans le "resto" typique sénégalais, appelé "Tangana". Une sorte de vieille gargote sans enseigne, en bord de route. On rentre et prend place sur de vieux bancs en bois autour de l'unique table du tangana dont on chasse les mouches. La cuisinière est à table, elle nous prépare des oeufs cuits dans un bain d'huile, elle nous passe des baguettes emballées dans du papier journal (on a eu la rubrique des sports), en même temps, elle prépare le café.

Après cet intermède, nous reprenons nos véhicules et continuons notre voyage le long de la Petite côte. Une grande portion d'autoroute où le taxi roule pied au plancher. On voudrait connaître la vitesse, mais c'est impossible car comme tout bon taxi sénégalais qui se respecte, l'aiguille du compteur de vitesse (comme tout autre compteur du tableau de bord) reste désespérément bloquée à 0.

On remarque qu'au-delà d'une certaine vitesse, tout le taxi commence à trembler et la carrosserie se met à vibrer - nous comprenons enfin ce que ressentent les pilotes de chasse lorsqu'ils traversent le mur du son: un sentiment de joie, grisé par la vitesse quasi supersonique de ce taxi mêlé à la crainte de voir se détacher la portière passager et se voir aspirer hors de ce taxi supersonique. Cela nous permet donc d'avoir une évaluation approximative de la vitesse de ce taxi: un peu moins de 1000 km/h (cela dépend également de la pression atmosphérique). Le seul moment où nous devons stopper est pour laisser passer une sorte de buffle qui siégeait fièrement au milieu de la route et que nous n'avons osé écraser vu qu'il pesait plus que notre tas de ferraille.

Après avoir traversé Mbour, nous arrivons à Joal, la ville du président Senghor (grand homme, grand poète africain, grand président). A sa mort, Chirac a dit:

« La poésie vient de perdre un maître, le Sénégal un homme
d'état, l'Afrique un visionnaire et la France un ami. »
Nous nous arrêtons à Fadiout, l'île coquillages. Ile artificielle étonnante, créée par poldérisation il y a plus de 1000 ans et qui repose sur des tonnes de … coquillages. Incroyable mais vrai, si on creuse jusqu'à 8m de profondeur, on trouvera encore des coquillages. Toute l'île en est composée de coquillages qui crissent sous nos pas. L'île est reliée par un unique pont; la mer peut également être traversée en pirogue.


































































Comme vous le voyez, on y trouve tout: un Super-U, les Mousquetaires, Auchan, un Carrefour et même les Galleries Lafayette !!! Extraordinaires ces sénégalais :o)






Nous visitons également le cimetière mixte de cette île, superbe cimetière où tombes catholiques et musulmanes, couvertes de coquillages, se côtoient. L'île est un modèle de tolérance où cathos et musulmans vivent en harmonie. Le long de cette île-cimetière sont garés ce qu'ils appellent les "cabriolets à deux roues" (en fait de simples charettes). J'ai décidé d'échanger un de ces cabrios à 2 roues contre le mien à 4 roues.




















Yves nous livre alors déjà son premier exploit de la journée: nous étions accompagné par deux jeunes soeurs/cousines/parentes de Babacar, dont une avait repéré un beau coquillage dans l'eau que le pont "île coquillages - île cimetière" surplombait. N'écoutant que son courage, sa galanterie et son côté dragueur, il n'hésite pas et saute par-dessus le pont. Une fois dans l'eau (marée basse, je précise), il pêche donc ce merveilleux coquillage (valeur dans un des Auchan de l'île: 2 euros à marchander) qu'il offre à la princesse. Joli exercice qui nous a permis de voir tous ses muscles en action, merci Yves. Charmée, la princesse lui accorda un baiser (sur la joue) et a décidé de garder ce coquillage qui trône fièrement sur la plage arrière de la voiture (l'odeur allait avec ;-)





Voilà pour l'épisode Joal-Fadiout. Sur le retour, on veut visiter la maison du président Senghor, mais le gardien est parti manger. Ce sera pour une autre fois. On a faim, Babacar veut nous faire découvrir le hamburger sénégalais dans un fast-food (là, vous mettez Sénégal Fast food de Amadou et Mariam). Le fast-food en question ne respecte pas vraiment les sévères normes d'hygiène du McDo (aucun McDo au Sénégal soit dit en passant), mais on se contente d'un délicieux hamburger qui nous convient parfaitement. La légende veut que les Américains aient inventé le hamburger après un voyage au Sénégal. A vérifier...

On repart, quitte à longer la côte, on voudrait voir la mer, on voudrait se baigner. On passe par Saly (aussi Saly-Portugal). Saly est la station balnéaire par excellence, construite pour et autour des touristes. Elle constitue l'un des plus grand complexes touristiques d'Afrique de l'Ouest. En y roulant, on voit d'ailleurs en 30 minutes plus de toubabs (vieux et gras) qu'en 5 jours à Dakar! Vous aurez compris que cela n'est pas pour nous, nous vrais aventuriers, nous quasi-natifs de Dakar, notre seconde résidence, notre ville d'adoption. Bon, je m'emballe ;-)

Et c'est là que Yves nous livre son second exploit (et de loin le meilleur) :o))).
Vous vous souvenez de notre taxi à la première vitesse récalcitrante ? Yves profite que notre taximan a quitté son véhicule (pour demander le chemin) pour vérifier cette histoire. Il s'assied derrière le volant, enclenche la première du premier coup, et c'est parti pour un petit tour de fou, la Crombette s'en donne à coeur joie, l'espace d'une minute, roule autour d'un arbre, fait demi-tour sur la route, devant le sourire du taximan et surtout l'air courroucé d'un.... militaire qui nous court après. Et c'est parti, on se fait arrêter, vas-y pour expliquer au militaire qu'Yves (qui n'avait pas son permis sur lui) vérifiait la première vitesse. Babacar intervient, part avec le militaire qui veut dresser un PV, mais qui veut surtout un bon bakchich. Babacar ne se laisse pas démonter et lui explique que son père connaît le grand commandant machin-chose, ce qui finit par convaincre le militaire qui tient à son bon job... :o)
Enfin, on sera bien marré et le taximan ne nous en veut pas du tout, il était même plutôt amusé par la situation! :o))



Après ce passage de comique surréaliste, on repart vers Toubab Dialow, en quête d'une plage.



Après avoir une nouvelle fois traversé le mur du son avec notre taxi et dépassé nombre de 504 break remplie de locaux (jusqu'à 8 dans ces voitures d'un autre âge), nous dégotons une petite plage sur laquelle une bande de jeunes joue au foot. C'est pas la plage de rêve, route cabossée pour y arriver, immeubles en construction mais abandonnés, restes de sacs de ciment sur la plage... Mais bon, on s'en contente. Quoi de mieux que de se baigner dans l'océan Atlantique à 30° sur un superbe coucher de soleil.


Pour terminer, Ndiogou nous fait une démonstration de lutte sénégalaise dont Yves est la pauvre victime, soulevé comme un fétu de paille.
Le soleil s'est couché (incroyable, ici le jour passe à la nuit en moins de 30 minutes !!!), il est temps de rentrer, on a encore une heure de route (ici, 100 km = 2 heures de taxi supersonique).
On approche de Dakar (en même temps que 100000 autres personnes) et là, c'est l'enfer. Vous vous plaignez des embouteillages de Bruxelles ? Faites ceux de Dakar, et un pot d'échappement bruxellois vous semblera une source d'air pur de montagne ! Pour du vrai. J'ai failli mourir asphyxié dans mon taxi (une mort bien triste, n'est-il point ?), mais une chose est sûre, même si je suis toujours vivant, j'ai perdu 5 ans d'espérance de vie et je vais revenir en Belgique avec un cancer du poumon. En une heure, j'ai respiré plus de gaz et de métaux lourds qu'en 25 ans de citadinerie... :-)

Quelques pauvres Banas-banas (les vendeurs à la sauvette) essaient de faire leur commerce au milieu de ces gaz, vendant cacahuètes, eaux, cartes de GSM ou, top du top... des superbes moumouttes à volant! Je suis tombé amoureux d'une moumoute à volant aux couleurs sénégalaises que je vais fièrement mettre sur ma voiture. Le temps de négocier le prix (rien ne s'achète au prix proposé ici), le trafic redémarre, notre chauffeur démarre: imaginez ce pauvre vendeur courant sur 500m accroché à la vitre de notre voiture pour finaliser la transaction, qui ne se fera malheureusement pas. Tristesse de ma part de ne pas avoir l'objet convoité, mais également peine authentique pour ce pauvre vendeur que nous avons fait courir pour rien au milieu de ces gaz.

La nuit n'était pas noire, elle était d'un gris bleuté, celui des nuages de gaz éclairés par les phares des voitures. 4 bandes de route sur lesquelles se disputent 5 à 6 bandes de voitures sans pot catalytique, de bus préhistoriques, de camion consommant 50 litres aux 100, roulant sur la route comme sur le "trottoir". Naturellement, toutes vitres ouvertes. Ces taxis n'ont bizarrement pas encore l'air conditionné et ne parlons pas de la fonction "circuit fermé". Il y avait autant de gaz d'échappement dans notre chambre à gaz sur roues qu'à l'extérieur. Je me couvre le nez et la bouche de mon chapeau, mais ça ne change pas grand chose. Gorge irritée, yeux brûlants, je sens que la fin est proche... Et là, miracle, on s'extirpe tant bien que mal de ces embouteillages :-)

Bon d'accord, j'ai un peu dramatisé, mais ma description est assez proche de la réalité, sans vouloir me plaindre. D'un autre côté, j'en garde un souvenir excellent car le surréalisme total que nous a offert ce court épisode a été à l'origine de nombreux fous rires - peut-être étaient-ils aussi dus à la trop grande absorption de ces gaz euphorisants et hallucinogènes.

Quel choc environnemental ! Et moi qui vais à la boulangerie à pied et qui essaie de consommer moins d'énergie, je me pose quelques questions en voyant toute cette pollution. Néanmoins, Fatou me rassure: les Sénégalais respecte le protocole de Kyoto, à leur manière... : à partir du 20 de chaque mois, plus aucune voiture ne roule. Tout simplement parce qu'il n'y a plus d'argent pour faire le plein !!! :o)))) Et bien, voilà un joli exemple ! Nous qui faisons les malins avec notre journée annuelle sans voiture, ici ils en sont déjà à la semaine mensuelle sans voiture ;-)

Enfin de retour à la maison. Ce soir, notre famille d'adoption nous a préparé une grande soirée pour mon anniversaire et celui d'Emilie, la soeur de Yves. Cela s'est fait chez la seconde maman de Babacar (là où je loge) où nous avons été reçus comme des rois (bours en wolof). Entrée, plat de couscous, viande et... frites (??!?), dessert, j'ai cru que j'allais exploser. Je pensais que c'était enfin terminé quand le gâteau d'anniversaire est arrivé, j'en pouvais plus. Mais nous avons réellement été super bien reçus, comme si on faisait partie de la famille. Le tout naturellement mâtiné d'une franche ambiance sénégalaise, ça chante, ça rit, ça palabre, ça vit. Nous avons ovationné et applaudi la cuisinière pour la remercier de son accueil.

Il faut savoir qu'ici, on nous gave comme des oies depuis le début ;-) On petit-déjeune à 11h, on déjeune vers 15-16h, on dîne vers 21-22h, parfois encore après. toujours des quantités astronomiques. Et quand tu manges normalement, on te dit que t'as rien mangé et qu'il faut manger plus... ;-)
Je vais revenir avec 10 kg en plus, vous voilà prévenu...

Voilà donc pour cette journée du 6 novembre, j'espère que vous ne vous êtes pas endormi ;-)

Je vous laisse avec un clip qui retrace en rythme ce que nous vivons... Attention! Nos amis Sénégalais insistent fortement pour qu'on dise que la chanson est chantée par des Maliens, et que ça n'a rien à voir avec la musique sénégalaise ;-) Mais ce clip a néanmoins le mérite d'avoir été tourné à Dakar, avec tout ce qui la caractérise...



Si le clip ne se lance pas, vous pouvez le regarder ici:
...
C’est au Mahattan fast-food Dakar Sénégal cinéma le Paris,
Demain je serais parti,
La gare Dakar, Bamako Mopti
Y’a pas de problèmes? Tout va bien
Aujourd’hui je me marie, j’ai confiance
Amoul solo, Gao, l’Algérie, Tunisie, Italie.
Il n’y a pas de problèmes, j’aime !
J’ai au Manhattan fast-food Dakar Sénégal cinéma le Paris
Ascenseur pour le ghetto

Il est minuit à Tokyo
Il est cinq heures au Mali
Quelle heure est-il au Paradis ?
Il est minuit à Tokyo
Il est cinq heures au Mali
Quelle heure est-il au Paradis ?
...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Si ça ne te dérange pas vieux Phil, je vais déflorer tes commentaires.

Je dois être une des rares personnes à avoir tout lu calmement ! Ca doit te prendre mille ans de pondre tout ça.

Dommage qu'on ait pas de photos encore, je suppose que ça va arriver.

Ta description des embouteillages est exceptionnelle, je vous imaginais bien en train de mourir dans les gaz d'échappement...

Vive Ferrières et son air pur.

J'attends ton résumé suivant !

08 novembre, 2006 13:02

Anonyme a dit…

Ici la France libre, NDOKKEL pour ce super blog!!!!!!!!!!!!

Ba beneen yoon!

Pierre et Umu.

08 novembre, 2006 22:54