mercredi 8 novembre 2006

Mercredi 8 novembre 2006: Arrivée au royaume du Rip, rencontre avec une hyène et perte de pot d'échappement dans la savane



Mercredi 8 novembre 2006: Arrivée au royaume du Rip, rencontre avec une hyène et perte de pot d'échappement dans la savane...

Ce mercredi 8 novembre, ça y est, c'est le grand départ, nous partons pour le centre du pays, dans la région du Rip. Le but est de rejoindre (demain) le village de la future épouse, en faisant d'abord une étape à Nioro, le village d'origine de Babacar.
Il fait savoir que Babacar descend d'une lignée royale ! En effet, son grand-père maternel était le Roi du Royaume du Rip; le Rip est une grande région qui s'étend de Kaolack jusqu'à la frontière gambienne.

Nioro du Rip est une ville du Sénégal, située à environ 60 km au sud-est de Kaolack sur la Route nationale n°4 et à 27 kilomètres de la Gambie . La ville est d'une importance capitale pour le pays; d'abord sur le plan historique, c'était la capitale du Rip (royaume du marabout roi Maba Diakhou Bâ). Plus d'infos ici: http://fr.wikipedia.org/wiki/Nioro_du_Rip
Le Roi du Rip se dit Bour du Rip en wolof.

Le planning de départ est lever à 6h afin d'arriver en début d'après-midi à Nioro. Malheureusement, le cousin de Babacar aka "Le Capitaine" aka "l'Esclave" aka Moustapha aka le Bour du Rip qui était censé tout organiser a un peu loosé sur ce coup: il n'a pas trouvé de voiture pour tous nous emmener. Babacar passe la nuit a chercher après son cousin qui ne répond pas, et passe ensuite la matinée à chercher une voiture correcte pour nous transporter. Devant l'offre de Hertz de nous louer un superbe minicar de 14 places avec air conditionné (il fait plus de 35°c !) pour la modique somme de ... 500.000 CFA, on se rabat finalement sur une superbe Peugeot 505 de collection, qui servira de seconde voiture (la première étant toujours la Mercedes du Capitaine).
Départ vers 13h, avec seulement 6h de retard sur le planning ;-)





Voyage long, mais sans encombre, qui nous fait voir l'intérieur du pays. On traverse une forêt de baobabs ainsi que de superbes régions dignes de toutes les cartes postales de la savane africaine. Nous apercevons de temps à autre de très petits villages africains de quelques cases seulement.




La route est en bon état jusqu'à Kaolack, ce qui n'empêche pas Moustapha de rouler sur des obstacles qui semblent endommager la voiture (on entend de méchants bruits de roulement venant d'une roue arrière). Là-bas, nous faisons une pause avant de repartir. Nous traversons des salines, exploitées sur le lac de Kaolack. Nous continuons notre chemin, fatigué je m'endors dans la voiture...

Nous arrivons tardivement à Nioro du Rip; de taille entre village et ville, je la qualifierais de ville rurale ou de village urbain. Nous nous arrêtons dans la maison familiale, où on nous sert le repas.



Vers 18h, on reprend la Mercedes pour aller visiter le village de Ndiogou et offrir du matériel scolaire à son école. Là commence une nouvelle aventure car le village est fort reculé et seule une simple route de terre avec de profondes ornières permet d'y accéder. Genre un 4x4 est très vivement conseillé! Mais on s'en fout, on y va :o)



Le chemin est en effet assez chaotique et en très mauvais état. On a droit à un superbe coucher de soleil dans la savane. On croise une charrette; on continue notre chemin et là on se retrouve quasi nez à nez avec... une hyène (une vraie! :o). Visiblement, elle suit la charrette en espérant peut-être faire d'un de ses occupants son repas du soir... Brrrrrr. Pas farouche, elle s'arrête et nous observe. Nous nous arrêtons, la prenons en photo (mais ça ne donne pas grand chose: flash pas assez puissant, on ne voit que ces deux yeux jaunes perçant l'obscurité, tel un djinn maléfique).



Nous redémarrons. Puis paf pastèque, la voiture rencontre un obstacle, cale net et nous sommes projetés en avant. Nous sortons de la voiture et on se rend compte qu'on s'est pris une souche d'arbre sur le bord. Plus inquiétant, le pot d'échappement est tombé. C'est pas grave, Moustapha et Ndiogou le refixe. Je ne peux s'empêcher de penser que la hyène n'est pas très loin derrière...

La voiture, plus costaude que jamais (superbe pub pour les Mercedes d'antan!) redémarre sans broncher, mais le Capitaine nous confirme que la direction a dû prendre un sale coup; en effet, le volant est difficilement contrôlable et la voiture bouge pas mal. On pense d'abord qu'une roue avant est voilée. Nous apprendrons le lendemain que l'essieu avant était carrément cassé et qu'il faudra le remplacer entièrement !!! Malgré ça, la voiture roule toujours.


La nuit est maintenant tombée (comme je le disais, c'est très rapide, en 30 minutes il fait nuit noire). Et nous continuons donc à suivre ce sentier perdu, nous croisons un troupeau de bétail et son berger, le village n'est pas loin.
Enfin nous y sommes, après une heure de brousse en berline. C'est un village traditionnel africain comme on l'imagine. Ce qui me frappe, c'est que même au fin fond de la brousse, il y a toujours une grande mosquée sur la place du village. A notre grand désespoir, il fait nuit noire et il est difficile de distinguer quoi que ce soit, dans ce village reculé et naturellement sans électricité. Nous faisons la connaissance des villageois et les saluons; puis à l'aide de lampes de poche, nous allons visiter l'école du village dont Ngiodou est le directeur. Ils ont deux classes "en dur" et encore deux classes sous un toit en paille. Nous rencontrons les six professeurs du village et discutons avec eux. Au Sénégal, les instits sont placés par le gouvernement, c'est pourquoi il arrive que des instits qui ont toujours vécu dans une grande ville comme Dakar se retrouve parfois en poste dans un village reculé à 500 km de leur famille, et sans les technologies auxquelles ils sont habitués. C'était le cas d'un des instits ici, qui nous confesse qu'il lui a fallu quelque temps pour s'adapter.



On n'a malheureusement pas le temps de rester car on nous attend encore pour manger. Au moment du départ, nous croisons des enfants qui n'avaient jamais vu de toubab. Ils nous dévisagent d'abord, puis ils se précipitent tous en même temps pour nous saluer et nous toucher. Vraiment incroyable!

Nous repartons avec notre voiture brinquebalante, nous en avons encore pour une heure de route cahoteuse, et la voiture fait réellement un sale bruit mécanique. Après un bout de chemin, un bruit de frottement commence à se faire entendre, quelque chose traîne derrière la voiture, puis boum chkling. On s'arrête et on remarque que cette fois-ci, c'est la ligne d'échappement entière qui est tombée :o) Impossible à refixer ici, Moustapha et Ndiogou se débrouillent pour essayer de tout placer dans le coffre. Et moi de rire nerveusement du burlesque de la situation. C'est vraiment trop surréaliste! :o) On finit par rejoindre la route asphaltée, mais l'essieu avant étant toujours en souffrance, on ne dépasse pas les 20 km/h, dans un bruit d'échappement assourdissant.

Miracle ou maraboutisme, on croise sur la route (totalement déserte) le mécanicien du Capitaine. Le Capitaine qui nous certifie que c'est le destin qui l'a placé sur la route (pourquoi pas ;-) Le mécano va prendre la voiture et la réparer demain matin car nous devons partir tôt pour rejoindre le village de la dulcinée!

On atteint enfin Nioro et on rejoint Babacar qui s'effondre devant l'état de la voiture: on devait la prendre pour partir à l'aube et aller en Casamance. Tout son planning européen (départ à 6h) tombe à l'eau. Je me rends compte que les roues avant de la Mercedes forment un angle de 20-30° vers l'extérieur... L'essieu doit vraiment être salement arrangé. Le plus incroyable est qu'elle a tenu. Encore un peu, on restait coincé dans la brousse et on dormait dedans!

Trêve de bavardage, il est déjà 22h et nous sommes attendus chez les invités d'honneur du mariage: un couple d'amis d'Adama. Toute l'équipe est là: Babacar, Nabil, Cécile, Moustapha, Ndiogou et moi. Ils avaient préparé une table à l'occidentale (avec des assiettes, des couverts et des verres), c'est la première fois depuis le séjour, mais en bon néo-sénégalais, nous avons préféré manger notre couscous (marocain) de façon authentique ;-). Nous avons terminé le repas avec du couscous sénégalais ; il est différent du couscous marocain, dont la semoule est à base de farine de blé, tandis que le couscous sénégalais est à base de farine de mil. Je trouve ce dernier plus sec et surtout plus lourd.
Ensuite, nos hôtes nous font passer des albums de photos de leur mariage et du baptême de leurs enfants. Le chef de famille, dont les portraits ornent les murs du salon, a fait des études de droit et est devenu président du tribunal de Nioro. Au moment de quitter, vers minuit, il nous propose de faire une courte visite de la ville (by night). Il n'y a pas beaucoup d'animation (pas de bar, pas de boîte, c'est très rural) mais nous voyons les endroits importants de Nioro. Et nous terminons au... tribunal: il réveille le gardien pour nous faire visiter. Une fois dans le tribunal, Babacar prend naturellement place dans le box des accusés avant de jurer sur l'honneur qu'il dira toute la vérité, devant le président qui siège. Rien à voir :o)



La soirée prend fin. Babacar, à la sensibilité européenne, nous a gentiment réservé une chambre dans ce qui doit être le seul "hôtel" de la région. Nous prenons place dans nos chambres certes au confort spartiate, mais qui bénéficient d'une salle de bain correcte et de ventilateur de plafond, un luxe indispensable par cette chaleur. De plus, nous réussissons à dégoter du papier toilette, luxe rare ! Je peux affirmer sans hésitation que le PQ et le savon pour les mains sont une denrée rare ici (dans tout le Sénégal) et constitue un véritable luxe pour nous, Européens. Ici, comme dans la plupart des pays africains et/ou musulmans (je pense), on n'utilise pas de papier toilette. Une bassine d'eau se trouve à votre disposition, à côté des toilettes. Je vous laisse imaginer le reste... ;-)

Nabil et Moustapha prennent une chambre, Cécile et moi prenons la seconde. Babacar ne manque pas de nous rappeler: « Tout ce qui se fait au Sénégal reste au Sénégal ». Merci Babacar, mais ce ne sera pas nécessaire. Je sais que dans tous les coins touristiques, on nous prend, Cécile et moi, pour un couple de jeunes mariés en voyage de noce, mais je jure que c'est resté platonique jusqu'au bout (Cécile ne me trouve pas assez dynamique ;-).

Après avoir chassé les crapauds locataires précédents de la chambre, je me couche sur mon lit au coussin dur comme de la pierre. Le matelas s'enfonce de 20 cm sous mon poids et le lendemain matin, mon dos me fait savoir que j'ai dormi à même les planches de bois.

Etant en région tropicale et après avoir lu un peu de doc sur la malaria, cela m'a convaincu de ne pas vouloir attraper cette saloperie de maladie. Mais impossible de fixer la moustiquaire dans la chambre, je décide donc de me momifier avec, en espérant que ce sera quand même utile. Je me regarde et je me dis que je ressemble vraiment à la proie d'une araignée, entortillée dans son fil de soie, de la tête aux pieds.

Ainsi s'achève une nouvelle journée pleines d'aventures, d'anecdotes et de souvenirs...

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